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« P.S. Ma nièce est fort petite, mais si bien portante que personne n’est inquiet sur son compte. »


Jamais lettre n’arriva plus à propos pour consoler un cœur affligé : Philippe était déjà sûr du pardon d’Amable ; mais il était émerveillé qu’elle eût si bien disposé Charles en sa faveur. Il en conçut plus d’espérance pour l’avenir, et comprit que le billet de M. Edmonstone avait été écrit dans un moment de mauvaise humeur.

La lettre de Charles lui donna la force d’exécuter un projet qu’il avait médité depuis longtemps ; c’était de faire une visite à Stylehurst. Auparavant, c’était toujours sa première excursion en arrivant à Saint-Mildred ; mais, cette fois, il avait craint une si longue marche, et ne s’était pas soucié d’y aller en voiture avec sa sœur, qui n’aimait pas à visiter ce lieu ; et à tous ses autres remords se joignait encore celui de n’avoir pas visité la tombe de son père depuis son retour.

Sans rien dire de son projet, il loua donc un cheval et se mit un jour en route. Il traversa les bruyères au milieu desquelles était située la ferme de South-Moor, qu’il ne put voir sans un serrement de cœur, puis les collines sur lesquelles il s’était bien souvent promené avec ses sœurs, et qui dominait la vallée étroite où, tout en pêchant à la ligne, il avait autrefois formé mille projets ambitieux pour l’avenir. Il ne prévoyait pas alors au prix de quelles souffrances il obtiendrait une position qui répondît à ses désirs.