Il finit par demander à Laura son avis. Elle se sentit partagée entre la crainte qu’il ne se fatiguât trop, et le désir qu’il eût une occasion de déployer ses talents. Amable et Charles, consultés à leur tout, dirent tous deux que la vie de Londres serait meilleure pour Philippe que la solitude de Redclyffe, et qu’il avait besoin de s’occuper pour se distraire. Leur persuasion se trouvant conforme à celle du docteur Mayerne, elle prévalut.
Philippe se rendit chez lord Thorndale, et fut nommé sans opposition. Markham envoya son neveu pour régler quelques affaires avec lui, car il ne pouvait supporter l’idée de le voir. Il avait été furieux d’apprendre qu’il dût épouser l’autre miss Edmonstone, et pensait que c’était faire un outrage à lady Morville de s’occuper d’un mariage dans la maison où elle vivait. C’était sur elle qu’il avait reporté toute son affection pour la famille Morville, et il la supposait très affligée de n’avoir pas un fils. Il est vrai qu’il ne disait rien contre M. Morville, mais M. Ashford présumait qu’il ne serait pas aimable avec le nouveau maître.
M. et madame Ashford avaient aussi un peu de peine à croire qu’il fût digne de son prédécesseur ; cependant ils en avaient ouï dire tant de bien, qu’ils étaient fâchés de voir toute la paroisse mal disposée à son égard. Enfin on annonça son arrivée. Comme l’autre fois, James Thorndale l’amena, et se rendit chez madame Ashford, pendant que son ami s’occupait d’affaires avec Markham. Philippe ne voulut pas