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peu avec moi et ma fille. J’ai envoyé Anne à la promenade.

— Qu’elle est jolie ! dit Mary en se baissant sur le berceau. Le sommeil lui donne des couleurs ; elle fait beaucoup de progrès.

— Pauvre petite ! dit Amy en soupirant.

— Vous êtes fatiguée, Amy ? dit Mary en s’asseyant, et en ramassant le petit bas de laine qu’Amable tricotait.

— Non, merci, dit-elle avec un autre soupir.

— Je crois que vous l’êtes ; êtes-vous retournée chez Alice Lambsden ?

— Cela ne me fatigue pas.

Sa voix, qu’elle évitait d’élever, pour ne pas éveiller son enfant, paraissait singulièrement mélancolique.

— Je suis moins fatiguée, je crois, du peu que je fais, que de la longue perspective de vie que je vois devant moi.

Le cœur de Mary était trop plein pour qu’elle pût répondre autrement que par un regard vers le berceau.

— Oui, dit Amable ; il faudra que je le remplace auprès d’elle ; mais je plains tant sa pauvre petite de grandir sans l’avoir connu !

Amy s’approcha du berceau.

— S’il l’avait vue ! Si seulement il lui avait donné un baiser ! Mais hélas, moi seule je pourrai lui dire un peu ce qu’il était !

Elle revint à sa place et continua :