Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 23 —

mère, qui était toujours dans son boudoir, prête à écouter les confidences de toute la famille. Les leçons de Charlotte avaient été fort négligées dernièrement, et chacun venait tour à tour ouvrir son cœur à la bonne mère, excepté celle qui en aurait eu un plus grand besoin que tous les autres. Amy et sa mère se consolèrent de leur prochaine séparation en pleurant doucement ensemble. Elles finirent par conclure qu’il fallait laisser M. Edmonstone et Walter fixer le moment qui leur conviendrait le mieux. On le dit au premier, quand il revint à la maison ; il y eut une longue conférence dans le boudoir, et, quand les deux fiancés descendirent pour dîner, ils avaient l’un et l’autre la figure brûlante. Laura les regarda avec des palpitations de cœur, et, tout le temps que dura le dîner, elle fit la conversation avec le docteur Mayerne, sans trop savoir ce qu’elle disait. Elle fut bien aise que l’on ne fît pas de musique ce soir-là, et lorsque tout le monde se retira et qu’elle entendit Charles et son père parler de veiller encore pour écrire à Philippe, elle se hâta de s’enfermer dans sa chambre, pour y donner cours à sa douleur.

Elle était encore assise et plongée dans ses tristes pensées, quand Amy frappa à sa porte, et entra rougissante et le sourire sur les lèvres, quoique ses yeux fussent mouillés de pleurs.

— Laura, ma chère sœur, si vous pouviez n’être pas si triste ! Je voudrais savoir que faire pour vous !

Laura appuya sa tête sur l’épaule de sa sœur et fondit en larmes. C’était une consolation pour elle,