Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/324

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line donnant le bras à M. Fielder ! Charles pourra se représenter de quel air sa sœur les regarda. Ils essayèrent de trouver quelque excuse : mais Charlotte était trop fine pour s’y laisser prendre, et déclara qu’elle avertirait lord Kilcoran. Ils cherchèrent à l’effrayer, disant que c’était affreux de trahir un secret ; elle répondit qu’on ne lui en avait point confié, et que sa maman jugerait de ce qu’il fallait faire. Ils essayèrent ensuite de lui persuader que c’était là ce que faisaient tous les amants, et citèrent l’exemple de Laura et de Philippe. Mais Charlotte ne se laissa pas ébranler si facilement, et leur répondit qu’il y en avait d’autres, dont ils n’étaient pas dignes d’entendre le nom, qui, pour rien au monde, n’auraient agi comme cela ; que Philippe et Laura, quoiqu’ils n’eussent pas été à beaucoup près aussi coupables, avaient beaucoup souffert. Enfin Éva se jeta à ses pieds et la supplia tellement de garder le silence jusqu’au lendemain, que Charlotte, avec beaucoup de clairvoyance, devina leur projet et le fit avouer à Éva. Alors elle leur déclara qu’elle aimait mieux être appelée un espion que de leur laisser faire une chose dont ils se repentiraient toute leur vie. Elle implora à son tour le pardon d’Éva, et pleura tellement qu’ils crurent qu’elle allait se laisser attendrir. Mais elle vint à moi, très affligée, et sans triompher le moins du monde de sa découverte. Vous pouvez imaginer quelle triste après-midi nous avons passé. Lord Kilcoran, voyant Éveline si déterminée, et voulant lui sauver la honte d’un enlèvement, consent à recevoir M. Fiel-