Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/336

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 330 —

cœur, continua madame Edmonstone, je ne pourrais jamais l’aimer comme je l’aimais autrefois.

— Moi, je l’aime beaucoup mieux, dit Charlotte.

— Et moi, ajouta Charles, je puis dire qu’autrefois je ne l’aimais pas du tout. Je ne pouvais le souffrir, et, si Walter ne m’avait présenté l’exemple d’un autre genre de mérite, il m’aurait complétement aigri contre tout ce qui avait l’air de la vertu. C’est ce que j’ai senti aussi longtemps qu’on a admiré Philippe, et c’est seulement après avoir vu son profond repentir que j’ai compris la grandeur et la noblesse de son caractère.

— C’est vrai, ajouta madame Edmonstone. Je ne l’aurais jamais cru capable de regrets si profonds.

Cependant madame Henley était très satisfaite de l’impression qu’elle croyait avoir produite sur la famille de sa tante, surtout sur Charlotte et Charles. La première annonçait de l’esprit, et le second était un jeune homme distingué, qui pourrait être fort utile à Philippe. Elle trouvait que Laura était belle et ressemblait à sa propre famille, et que, malgré la différence de fortune, elle conviendrait mieux à son frère que cette pâle et silencieuse petite Amy. Si madame Henley l’avait vue seule avec son enfant elle aurait été bien surprise.

— Un baiser pour papa et un pour maman, disait-elle en levant de son berceau l’enfant dont le sommeil avait rougi les joues. Matin et soir elle lui répétait ces mêmes paroles, et recevait avec joie le double baiser que Mary avait appris à lui donner. Elle était