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Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/61

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juge pas mieux. J’ai cru un jour qu’Éva avait plus de sens ; mais je ne comprends pas quelle société elle voit quand elle n’est pas ici.

— Cependant Charles ne fut pas fâché qu’Éveline vînt s’asseoir auprès de lui, pour causer de choses insignifiantes. Amy, étant rentrée, vint prendre son ancienne place et mettre sa main dans les siennes.

C’était la dernière fois qu’elle était à lui ! Sa mère seule lui aurait manqué davantage, et, tenant toujours la main de sa sœur, Charles écoutait la description que lui faisait Éveline du nouveau précepteur de ses frères. C’était un M. Fielder, un homme distingué, agréable, qui avait beaucoup lu ; mais il était aussi l’homme le plus laid, le plus extraordinairement laid qu’elle eût jamais vu : il était très petit, et l’on eût dit qu’il était fait de gutta-percha. — Éveline disait qu’il ne remuait que par soubresauts, et Maurice avait conseillé à ses frères de ne pas le placer trop près du feu, de peur qu’il ne fondît.

— Ils ne devraient le mettre que juste assez près pour l’attendrir, quand ils veulent obtenir une faveur, dit Charles, parlant au hasard.

— Et puis ses yeux ! Ils ne sont pas louches précisément, mais ils ne sont pas pareils, ce qui le fait ressembler à cet affreux petit terrier de Maurice, nommé Vénus. Aussi mes frères appellent-ils toujours M. Fielder Vénus.

— Et c’est ainsi que vous leur apprenez à respecter leur précepteur ?

— Oh ! il les tient bien en respect pendant leurs