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Page:Yonge - L'héritier de Redclyffe, Vol 2, 1855.djvu/80

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de sa jeune femme en particulier, ce n’était pas un défaut de tendresse.

Peu de jours après ils arrivèrent à Lugano, et, comme toujours, ils allèrent d’abord à la poste ; mais ils n’y trouvèrent pas les lettres qu’ils attendaient. Il y avait eu des lettres adressées à M. Morville ; mais le signor inglese avait laissé l’ordre de les envoyer à Como. Amable, dans son meilleur italien, tâcha de faire comprendre que le capitaine Morville n’était pas le même personnage que M. Walter Morville. Ce dernier riait de la peine que sa femme avait à s’expliquer, tandis que le maître de poste soutenait toujours que l’adresse était : Morville, poste restante.

— Je vois à ceci un avantage, dit Walter en s’éloignant. Nous savons où trouver le capitaine. Je lui écrirai pour lui donner rendez-vous à Varenna ou à Bellagio. Lequel vaut le mieux ?

— C’est comme il voudra. Pour nous, c’est fort égal.

— Votre voix a quelque chose de triste, dit Walter en souriant.

— Ce n’est pas ma faute. Vous avez raison, et je désire aussi que nous le voyions.

Le surlendemain de ce jour, Philippe Morville marchait le long d’une route brûlante et poudreuse, enfermée de murs qui cachaient la vue du lac, et se rendant à Bellagio. Il pensait au billet qu’il avait reçu de Walter, formant le projet de se montrer magnanime et d’oublier les offenses passées, pour l’amour d’Amy. Puisqu’ils étaient mariés, il fallait tout oublier, et, tant qu’elle serait heureuse, pauvre enfant !