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— Elle travaille plus que jamais ; maman craint seulement qu’elle n’en fasse trop, mais elle ne veut jamais convenir qu’elle soit fatiguée. Elle va à l’école trois fois par semaine, et à East-Hill le jeudi pour les répétitions de chant, puis elle devient savante ! Walter lui a donné tous ses vieux livres de mathématiques, et Charles ne l’appelle que mademoiselle Parabole.

Philippe garda le silence ; il voyait bien qu’elle cherchait à étouffer ses soucis par le travail. Il se sentait aigri contre le monde entier, contre son père, contre son propre sort et le bonheur des autres ; peut-être même contre la Providence.

À ce moment Walter survint et dit :

— Je crois qu’il nous faudra renoncer à notre plan.

— Comment ? s’écrièrent à la fois Philippe et Amy.

— Je viens d’apprendre qu’il règne une fièvre à Sondrio et dans tout le voisinage, et chacun dit que ce serait une imprudence de nous y exposer.

— Que ferons-nous donc ? demanda Amy.

— J’ai dit à Arnaud que nous le lui ferions savoir dans une heure. J’ai pensé à Venise.

— Venise ! oh ! ce serait charmant.

— Qu’en dites-vous, Philippe ? demanda Walter.

— Je dis que je ne vois pas pourquoi nous changerions nos plans. Si une fièvre règne parmi de pauvres paysans, ce n’est pas une raison pour qu’elle nous atteigne, nous qui sommes bien portants et bien nourris, et qui ne ferons que traverser le pays.

— Nous ne pourrions pas faire autrement que de