Philippe fut un peu touché, et, prenant un air plus familier :
— Rappelez-moi à leur souvenir quand vous écrirez, et priez Laura de ne pas trop se fatiguer à ses études. Adieu, Amy ; je vous souhaite un heureux voyage.
La voiture s’éloigna, comme ils se saluaient encore les uns les autres.
— Pauvre petite Amy ! se dit Philippe : combien elle a gagné ! Quelle charmante petite femme ! Walter est né sous une heureuse étoile : il n’est pas surprenant que tant de biens l’étourdissent. Pauvre Amy ! J’espère moins que jamais, puisque son désir évident de ne pas aller à Venise n’a pas changé la résolution de Walter ; mais c’est une douce petite créature, heureuse dans son aveuglement : puisse-t-il continuer longtemps ! C’est mon oncle et ma tante qui sont coupables.
Il se mit à gravir le sentier de la montagne, avec toute l’ardeur que donnent la jeunesse et la santé. Puis il s’arrêta pour faire encore des signaux à la voiture qui s’éloignait.
— Il est toujours le même ! dit Amy en poussant un soupir si profond, que cela fit sourire Walter. Êtes-vous fâché contre lui ? continua-t-elle.
— Il me semble que je n’ai pas bien profité de cette occasion.
— Pour lui, il ne l’a pas perdue. Croiriez-vous qu’il commençait à me faire une leçon sur la manière dont je devais me conduire avec vous ?