Page:Young - Les Nuits, trad. Le Tourneur, t. 1-2, 1827.djvu/74

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62 TROISIÈME NUIT. morts 5 c’est entreprendre une vie conforme à la dernière volonté des mourants. Que la re- nommée répande le bruit de plusieurs vols récents , l’avare frissonne à ces récits, il tremble pour son trésor ; son trésor lui devient plus cher , et repoussant le sommeil , il fait une garde plus sévère et plus longue. Toi, qua- vertis le malheur de tant de mortels périssant autour de toi , deviens-tu plus économe de ces jours dont la mort les a dépossédés , et qui te sont encore laissés ? Le temps, ce bien plus sacré, plus précieux que l’or, est pour l’homme un fardeau plus pesant et plus vil que le plomb. Nous recevons avec indifférence et sans en tenir compte les jours qui nous sont distribués : nous dissipons les années l’une après l’autre , sans acquitter la dette de la vertu. Mortel , tu ne sais pas ce que vaut un instant ! cours le demander à l’homme étendu sur son lit de mort... La jeunesse n’est pas aussi riche en jours qu’elle le pense follement. La mort , l’insidieuse mort est à ta porte ; elle épie dans l’ombre l’instant de te surprendre ; dès qu’une fois son bras invincible t’aura saisi, il n’est plus de liberté, il n’est plus d’espoir pour son captif ; il faudra