Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/122

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de la hardiesse qui l’a fait exécuter, pour fournir aux besoins d’une ville de province : la surprise cesse toutefois en voyant que ce furent les nations enchaînées qui fournirent au travail. Sur le chemin de Nîmes, j’ai rencontré beaucoup de marchands de retour de la foire ; chacun portait un tambour d’enfant attaché à son porte-manteau ; j’avais trop ma petite-fille en tête pour ne pas les aimer, pour cette preuve d’attention envers leurs enfants ; mais pourquoi un tambour ? N’y a-t-il pas assez d’esprit militaire dans ce royaume, où eux-mêmes sont exclus des honneurs, de la considération et des bénéfices venant du sabre ? J’aime beaucoup Nîmes ; et si les habitants étaient le moins du monde au niveau de leur ville, je la préférerais comme résidence à la plupart, si ce n’est à toutes les villes de France sous le rapport du théâtre, point fort important, on dit que Montpellier l’emporte. — 24 milles.

Six lieues de pays très désagréable jusqu’à Sauve ; vignes et oliviers. Le château de M. Sabattier se remarque dans une contrée si sauvage ; il a enclos une partie de sa propriété de murs en pierres sèches, planté beaucoup de mûriers et d’oliviers qui semblent jeunes et bien venants, surtout bien défendus, cependant le sol est si pierreux, qu’on n’y voit pas de terre : quelques-uns de ses murs ont quatre pieds d’épaisseur, l’un même atteint douze pieds sur cinq de hauteur, d’où il semble qu’il prenne à tâche d’enlever les pierres, amélioration sur laquelle j’ai des doutes. Il a bâti trois ou quatre nouvelles fermes ; je suppose qu’il a l’intention de résider sur ses terres pour les mettre en bon état. J’espère qu’il n’a aucune charge dont les vains tracas puissent le détourner d’une conduite aussi honorable pour lui que bienfaisante pour le pays. Au sortir de Sauve, j’ai été très frappé de voir au grand espace qui