Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/128

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d’Azil), on a le spectacle extraordinaire d’une rivière sortant d’une caverne ; au revers de la montagne, on voit l’autre caverne par où elle entre ; la montagne est percée. Dans beaucoup de pays, il y a de ces exemples de rivières souterraines. À St-Géronds (St-Girons), descendu à la Croix-Blanche, le plus exécrable réceptacle de saleté, de vermine, d’impudence et de vol qui ait jamais exercé la patience ou blessé les sentiments d’un voyageur ! Là préside une sorcière décrépite, le démon de la brutalité. Je me couchai (je ne dis pas que j’aie dormi) dans une chambre au-dessus de l’écurie, dont les vapeurs étaient les moins désagréables des parfums qu’exhalait ce hideux bouge. On ne put me servir que deux oeufs gâtés, pour lesquels seulement je dus payer vingt sous. L’Espagne ne m’a rien présenté qui égalât ce cloaque, dont un porc anglais se détournerait avec horreur. Mais toutes les auberges depuis Nîmes sont misérables, excepté celles de Lodève, de Ganges, de Carcassonne et de Mirepoix. Saint-Géronds paraît avoir de 4 à 5,000 âmes. Pamiers en contient près du double. Quelle peut être, entre ces centres de population et d’autres, la circulation, encouragée par de semblables auberges ? Certains écrivains ont regardé de telles remarques comme dictées purement par la vivacité des voyageurs ; cela montre leur ignorance. Il y a une donnée politique dans ces petites observations. Nous ne pouvons demander que tous les registres de France soient ouverts pour trouver quelle est la circulation dans ce royaume ; le politique doit donc le préjuger de choses à sa portée et parmi celles-ci, la circulation sur les grandes routes, et la disposition des maisons établies pour la réception des voyageurs nous disent et le nombre et la qualité de ces voyageurs. J’entends les gens du pays, que les affaires