Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/168

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qu’à la campagne ; elle m’avait fait préparer un appartement. La saison est si avancée, que je ne resterai à Paris que le temps nécessaire pour voir les monuments publics. Cela s’arrangera bien avec mes visites à quelques savants pour lesquels j’ai des lettres de recommandation, et me laissera la soirée pour les nombreux théâtres de cette ville. Dans mes notes, après un coup d’œil rapide sur ce que je vois d’une cité aussi connue en Angleterre, il m’arrivera de décrire plutôt mes idées et mes sentiments que les objets en eux-mêmes ; qu’on se le rappelle bien, je me propose de dédier ce journal négligé bien plus aux riens qu’aux choses d’une importance réelle. Des tours de la cathédrale, on embrasse tout Paris. C’est une grande ville, même pour ceux qui ont vu Londres du haut de Saint-Paul. Sa forme circulaire lui donne un grand avantage ; la clarté de son ciel, un plus grand encore. Il est maintenant si pur, qu’on se croirait en été. Les nuages de fumée de charbon de terre qui enveloppent toujours Londres empêchent de bien distinguer la grandeur de la capitale, mais je la crois excéder Paris au moins d’un tiers. Le Parlement est défiguré par une porte dorée de mauvais goût et de grands toits à la française. L’hôtel des Monnaies est un bel édifice, et la façade du Louvre une des plus élégantes du monde, parce que (pour l’œil au moins) ils ne sont pas couverts d’un toit ; sitôt que paraît le toit, le bâtiment en souffre. Je ne me rappelle pas un seul édifice renommé par sa beauté (ceux où il y a des dômes exceptés) dans lesquels la toiture ne soit si plate, qu’on ne l’y aperçoive point ou à peine. Quel œil avaient donc les artistes français pour charger tant d’édifices de combles dont l’élévation est destructive de toute beauté ? Chargez le Louvre de ceux qui défigurent le Parlement ou les Tuileries, que deviendra-