Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/175

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au dehors d’une ville assiégée, ou pour un motif bien plus digne et mille fois plus innocent, l’entretien de deux amants privés d’en avoir d’autre. Quel qu’en puisse être l’usage, l’invention est fort belle. M. Lomond a plusieurs autres machines curieuses, toutes œuvres de ses propres mains ; le génie de la mécanique lui semble naturel. — Le soir à la Comédie française ; Molé jouait dans le Bourru bienfaisant ; l’art ne saurait atteindre à une plus grande perfection.

Le 17. — Visite à M. l’abbé Messier, astronome du roi et de l’Académie des sciences ; visité l’exposition de l’Académie de peinture au Louvre. Pour un beau tableau d’histoire dans nos expositions de Londres, il y en a ici dix : c’est beaucoup plus qu’il n’en faut pour contre-balancer la différence entre une exposition annuelle et une bisannuelle. Dîné aujourd’hui dans une société dont la conversation a été entièrement politique. La Requête au Roi de M. de Calonne a paru ; tout le monde la lit et la discute. On semble cependant généralement d’accord que, sans se décharger lui-même de l’accusation d’agiotage, il a jeté sur les épaules de Monseigneur l’archevêque de Toulouse, premier ministre actuel, un fardeau non petit, et que celui-ci doit se trouver dans un singulier embarras pour repousser cette attaque. Mais l’un et l’autre sont condamnés par tous et en bloc, comme absolument incapables de faire face aux difficultés d’une époque si critique. Toute la compagnie semblait imbue de cette opinion, que l’on est à la veille de quelque grande révolution dans le gouvernement, que tout l’indique : les finances en désordre, avec un déficit impossible à combler sans l’aide des états généraux du royaume, sans que l’on ait une idée précise des conséquences de