Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/183

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de ce feu et de cette vivacité pour lesquelles sa nation est renommée, mais que je n’ai pas trouvés aussi souvent que je m’y attendais.

Le 25. — Paris. Cette grande ville me parait, de toutes celles que j’ai vues, la dernière qu’une personne de fortune modeste devrait choisir pour résidence. Elle est à ce point de vue considérablement inférieure à Londres. Les rues sont très étroites, encombrées par la foule, boueuses pour les neuf dixièmes, et toutes sans trottoirs. La promenade, qui à Londres est si agréable et si aisée que les dames s’y livrent chaque jour, est ici un travail, une fatigue, même pour un homme, par conséquent chose impossible à une femme en toilette. Les voitures sont nombreuses, et le pis c’est qu’il y a une infinité de cabriolets à un cheval, menés par les jeunes gens à la mode et leurs imitateurs, également écervelés, avec tant de rapidité que cela devient un danger et rend les rues périlleuses à moins d’incessantes précautions. Un pauvre enfant a été écrasé et probablement tué devant nos yeux, et j’ai été plusieurs fois couvert des pieds à la tête par l’eau du ruisseau. Cette mode absurde de courir les rues d’une grande capitale sur ces cages à poules vient de la pauvreté ou d’un esprit de misérable économie : on n’en saurait parler trop sévèrement. Si nos jeunes nobles allaient à Londres, dans les rues sans trottoirs, du train de leurs frères de Paris, ils se verraient bientôt et justement rossés de la bonne façon et traînés dans le ruisseau. Ceci rend le séjour difficile pour les personnes et surtout pour les familles qui n’ont pas le moyen d’avoir une voiture ; commodité tout aussi chère ici qu’à Londres. Les fiacres, remises, etc., y sont beaucoup plus laids que chez nous, et pour des chaises, il n’y