Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/194

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qu’on se mette volontiers. Ma foy ! c’est bien un échantillon de ma bonne veine ; ce voyage n’est guère qu’une corvée que d’autres se font payer pour l’entreprendre sur un bon cheval, moi je paye pour le faire sur un aveugle ; pourvu que je ne paye pas en me cassant le cou. — 20 milles.

Le 10. — Amiens. M. Fox a couché ici hier, et la conversation à table d’hôte était fort amusante : on s’étonnait qu’un si grand homme voyageât si simplement. Je demandais quel était son train ? Monsieur et madame[1] étaient dans une chaise de poste anglaise, la fille et le valet de chambre dans un cabriolet ; un courrier français faisait tenir prêts les chevaux de relais. Que leur faut-il de plus que ces aises et ce plaisir ? La peste soit d’une jument aveugle ! Mais j’ai travaillé toute ma vie ; lui, il parle.

Le 11. — Gagné Aumale par Poix ; entré en Normandie. — 25 milles.

Le 12. — De là à Neufchâtel par le plus beau pays que j’aie vu depuis Calais. Nombreuses maisons de campagne appartenant aux marchands de Rouen. — 40 milles.

Le 13. — Ils ont bien raison d’avoir des maisons de campagne pour sortir de cette grande et vilaine ville, puante, étroite et mal bâtie, où l’on ne trouve que de l’industrie et de la boue. En Angleterre, quel tableau de constructions neuves offre une ville manufacturière florissante ! Le chœur de la cathédrale est entouré par une magnifique grille de cuivre massif. On y montre les tombeaux de Rollon, premier duc de

  1. On sait que C. Fox n’est pas marié. — Zimmermann