Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/20

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chez un négociant en vins de Lynn. Ce qui se développa surtout chez lui pendant ce temps d’apprentissage, c’est le goût et le besoin d’écrire. Tout d’abord il publia une brochure sur l’état présent de la guerre d’Amérique, puis il fonda, l’année d’après, le Musée universel, dont il ne parut que six numéros ; il fit des nouvelles, des notices, bref, il s’occupa du commerce avec une passion si modérée que lorsque son père mourut (1763), il revint au foyer sans avoir encore fait de choix entre les carrières qui s’ouvraient devant lui. Que ce soit par occasion, le domaine patrimonial se trouvant libre ; que ce soit par suite d’un goût qui n’avait pu encore se manifester, il devint le fermier de sa mère : cette fois il ne devait plus changer. Il y aurait eu cependant bien des raisons pour le dégoûter de l’agriculture. Pendant douze ans il accumula faute sur faute et désastre sur désastre. Secondé par un contre-maître dont vingt-cinq ans plus tard il mettait en doute l’honnêteté aussi bien que la capacité, il se lançait étourdiment dans les expériences, avant même que de savoir ce que c’était que l’exploitation : il avait si bien « changé tout cela », que sa mère en prit l’alarme. De plus une fois installé il avait voulu se marier, en 1765 ; quoi d’étonnant à ce que, deux ans plus tard, les difficultés de la vie en commun, les inquiétudes causées par la mauvaise tournure que prenaient les affaires du domaine, rendissent la séparation inévitable.

Un parent lui promettait de lui avancer les fonds nécessaires a un établissement, il jeta son dévolu sur Sampford Hall près Braintree (Essex), belle ferme avec des prairies suffisantes pour 40 à 50 vaches ; mais six mois ne s’étaient pas écoulés que le bailleur de fonds retira sa promesse. Le capital d’Arthur Young si fort entamé par sa première gestion ne suffisant plus pour cette seconde, il fallut bien y renoncer en faveur d’un remplaçant fourni par