Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/225

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car il serait fâcheux de traverser la province sans la trouver, pour m’entendre dire après qu’à mon insu j’en suis passé à quelques milles. Retourné le soir à Angers. — 20 milles.

Le 28. — La Flèche. Le château de Duretal, appartenant à la duchesse d’Estissac, s’élève fièrement au-dessus de la petite ville de ce nom et sur les bords d’une belle rivière, dont les pentes, exposées au midi, sont couvertes de vignes. Le pays est gai, sec et d’un séjour agréable. J’ai demandé à plusieurs messieurs la résidence du marquis, toujours en vain. Ces trente milles de chemin jusqu’à La Flèche sont superbes ; il est sablé, uni et tenu dans un ordre admirable. La Flèche est une jolie petite ville, propre et assez bien bâtie sur la rivière qui passe à Duretal, et que les bateaux remontent jusqu’ici ; mais le commerce est insignifiant. Mon premier soin en arrivant ici, comme partout ailleurs en Anjou, fut de m’enquérir du marquis. Je persistai jusqu’à ce que j’appris qu’il y avait à peu de distance de La Flèche un endroit appelé Tourbilly, mais qui n’était pas mon affaire, car on n’y connaissait pas de marquis de Tourbilly, mais un marquis de Galway qui tenait ce domaine de son père. Ceci m’embarrassait de plus en plus, et je renouvelai mes recherches avec tant de ténacité, que bien du monde crut que j’en avais perdu la tête à moitié. À la fin je rencontrai une dame âgée qui résolut la difficulté : elle m’assura que le domaine de Tourbilly, à quinze milles de La Flèche, était bien ce que je cherchais ; qu’il appartenait à un marquis de ce nom, lequel lui semblait, en effet, avoir écrit quelques livres ; que ce marquis était mort insolvable, et sa propriété avait été achetée par le père du marquis de Galway actuel. Je n’en demandai