Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/325

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en flammes ; ils ont tout perdu, excepté la terre. Cependant ces malheureux étaient estimés de leurs voisins ; leur bonté aurait dû leur gagner l’amour des pauvres, dont le ressentiment n’était motivé par rien. Ces abominations gratuites attireront la haine contre la cause qui les a suscitées : on pouvait bien reconstituer le royaume sans recourir à cette régénération par le fer et le feu, le pillage et l’effusion du sang. Trois cents bourgeois montent la garde tous les jours à Dijon : ils sont armés par la ville, mais non payés par elle ; ils ont aussi six pièces de canon. La noblesse a cherché son seul refuge parmi eux ; aussi, plusieurs croix de Saint-Louis brillent dans les rangs. Le Palais des États est un vaste et superbe édifice, mais il ne frappe pas en proportion de sa masse et de ce qu’il a coûté. Les armes des Condé prédominent et le salon est appelé la salle à manger du Prince. Un artiste de Dijon y a peint un plafond et un tableau de la bataille de Senef ; il a choisi le moment où le grand Condé est jeté à bas de son cheval ; les deux ouvrages sont d’une bonne exécution. Tombe du duc de Bourgogne, 1404. — Tableau de Rubens à la Chartreuse. On vante la maison de M. de Montigny, mais on refuse de la laisser voir, parce que sa sœur y habite maintenant. En somme, Dijon est une belle ville ; les rues, quoique anciennes, sont larges, très bien pavées, et, ce qui n’est pas commun en France, garnies de trottoirs. — 28 milles.

Le 31. — Rendu visite à M. de Morveau, qui, fort heureusement, a reçu ce matin, de M. de Virly, une lettre de recommandation pour moi avec quatre lettres de M. de Broussonnet ; mais M. Vaudrey, de Dijon, auquel l’une d’elles est adressée, se trouve absent. Nous eûmes une conversation sur ce sujet si