petit frère, la petite sœur dont ils avaient imposé l’engagement pour en tirer huit sous par jour. Le Parlement s’est ému d’une si triste transformation amenant pour les populations agricoles la caducité à 35 ans et les livrant à l’ignorance, à la barbarie ; il a fait des lois, des règlements, qu’importe, le mal suit son cours. On a voulu désintéresser le travailleur du sol qu’il cultivait, on n’y a que trop réussi.
Young reprochait aussi à la petite propriété, avec l’ardeur qu’elle excitait, les entraves qu’elle opposait à la libre culture par l’enchevêtrement de ses parcelles. L’Allemagne a montré comment on remédiait à ce dernier inconvénient, par la création de syndicats qui, sans porter atteinte à la propriété, répartissent de façon commode la surface réclamée par chacun des ayant droit. Dans la plupart des cas le terrain utilisable a été augmenté si notablement que le surcroît mis en adjudication a suffi pour couvrir tous les frais de l’opération en laissant même de quoi distribuer un dividende. Mais sous le premier rapport la propriété n’a pas été disputée avec plus d’acharnement que ne l’ont été les fermes. Il y a vingt-cinq ans on se plaignait déjà des prix insensés offerts par les concurrents décidés à se supplanter l’un l’autre, qu’est-ce donc à présent ? Que peut faire l’homme qui a mis toutes ses ressources dans l’exploitation agricole si le terrain vient à lui manquer ? Où ira-t-il porter son cheptel et son outillage. J’en ai bien vu s’expatrier, mais est-ce toujours possible ? Au point où en sont nos voisins le fermier n’est pas plus à l’abri des entraînements que le propriétaire, tant s’en faut.
Il est fâcheux que nous n’ayons aucune idée des raisons qui forcèrent l’auteur aussi bien que son fils à abandonner les grands domaines qu’ils avaient acquis ; l’un en Angleterre, l’autre en Grimée. Probablement le capital leur fit défaut, probablement aussi y eut-il quelque influence du
