Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/399

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Europe. Sa maison est magnifiquement située, en face d’un beau paysage, sa bibliothèque est garnie de bons livres, et tout chez lui annonce l’aisance. Visité ensuite M. Frossard, ministre protestant, qui mit avec un aimable empressement tout ce qu’il connaissait à ma disposition, et, pour le reste, m’adressa à M. Roland la Platerie (de la Platière), inspecteur des fabriques de Lyon. Ce monsieur avait sur différents sujets des notes qui enrichissaient son entretien, et, comme il ne s’en montrait pas jaloux, j’eus l’agréable certitude de ne pas quitter Lyon sans emporter ce que j’y étais venu chercher. M. Roland, quoique déjà assez âgé, a une jeune et belle femme, celle à qui il adressait ses lettres d’Italie, publiées ensuite en cinq ou six volumes. M. Frossard ayant invité M. de la Platerie à dîner, notre entretien recommença sur l’agriculture, les manufactures et le commerce ; nos opinions étaient à peu près les mêmes, excepté sur le dernier traité, qu’il condamnait injustement selon moi ; la discussion s’engagea. Il soutenait avec chaleur que la soie aurait dû jouir des avantages assurés à la France : je lui représentai que l’offre en avait été faite au ministère français, qui l’avait refusée ; j’allai plus loin, j’osai soutenir que, si cela avait eu lieu, l’avantage aurait été pour nous, en supposant, suivant les idées ordinaires, que le bénéfice et la balance du commerce soient la même chose. Je lui demandai sa raison de croire que la France achèterait les soies de Piémont et de Chine, et les vendrait à meilleur marché que l’Angleterre, tandis que nous achetons les cotons de France pour nos fabriques et nous pouvons, malgré les droits et les charges, les donner à meilleur compte que ce pays. Ces points et quelques autres semblables furent discutés avec cette attention et cette bonne foi qui leur