Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/416

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les plus jeunes, étaient habillés en polissons, beaucoup sans poudre et quelques-uns en bottes ; quatre ou cinq au plus avaient une tenue convenable. Que les temps sont changés ! Quand il n’avait rien de mieux à faire, le Parisien du beau monde était la correction en personne dans tout ce qui touche à la toilette ; on le croyait frivole. Maintenant qu’il a à s’occuper d’autres choses plus importantes, le caractère léger qu’on lui prête habituellement disparaîtra. Tout dans ce monde dépend du gouvernement.

Le 13. — Il y a eu une grande émotion la nuit dernière parmi le peuple qui s’est soulevé, dit-on, pour deux motifs : le premier, pour qu’on lui livre le baron de Besenval afin de le pendre ; le deuxième, pour que le pain soit mis à deux sols la livre. Il le paye cependant vingt-deux millions de moins par an que le reste du royaume et il lui faut encore des réductions. L’opinion est qu’on doit satisfaire le peuple en exécutant un aventurier du nom de Favras qui se trouve en prison car pour Besenval, les cantons suisses ont protesté si fermement en sa faveur, qu’on n’oserait le toucher. La garde a été doublée ce matin de bonne heure, et huit mille hommes d’infanterie et de cavalerie font des patrouilles dans les rues. Chacun parle de projets d’enlèvement du roi, on dit que ces mouvements ne sont pas, non plus que ceux de Versailles, ce qu’ils semblent être, de simples émeutes, mais l’effet de menées des aristocrates, qui, s’ils prenaient assez d’importance pour occuper la milice parisienne, favoriseraient une autre partie de la conspiration contre le nouveau gouvernement. Nul doute qu’on ne fasse bien d’être sur le qui-vive ; car, bien qu’il n’y ait actuellement aucun complot, la tentation est si grande, les probabilités si