Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/99

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Le 16. — À partir de Toulouse nous avons vu, de l’autre côté de la Garonne, une rangée de hauteurs qui a pris hier de plus en plus de régularité ; ce sont, sans aucun doute, les ramifications les plus lointaines des Pyrénées, qui s’étendent dans cette immense vallée jusqu’à Toulouse, mais pas plus loin. On s’approche des montagnes, la culture couvre les étages inférieurs, le reste semble être boisé ; chemins toujours mauvais. Rencontré plusieurs charrettes, toutes chargées de deux pièces de vin posées tout à fait à l’arrière sur le train : comme les roues de derrière sont beaucoup plus hautes que celles de devant, on voit que ces montagnards ont plus de bon sens que John Bull. Les roues sont toutes cerclées en bois.

Ici, pour la première fois, j’ai vu des festons de vignes, courant d’arbre en arbre dans des rangées d’érables ; on les conduit au moyen de liens de ronces, de sarments ou d’osier. Elles donnent beaucoup de raisins, mais le vin en est mauvais. Traversé Saint-Martino (St-Martory), puis un village composé de maisons bien bâties, sans une seule vitre. — 30 milles.

Le 17. — Saint-Gaudens est une ville en train de s’embellir : beaucoup de maisons neuves, avec quelque chose de plus que du confort. Vue extraordinaire de Saint-Bertrand ; on arrive tout d’un coup sur une vallée assez enfoncée pour que l’œil n’en perde ni un buisson, ni un arbre ; la ville se presse sur une éminence autour de sa grande cathédrale : on l’eût bâtie tout exprès pour rehausser le pittoresque du paysage, qu’on ne l’eût su mieux placer. Les montagnes s’élèvent orgueilleusement tout autour, faisant un cadre rustique à ce délicieux petit tableau.

Passé la Garonne sur un nouveau pont d’une seule belle