Aller au contenu

Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’air s’il le faut. Plus d’un coup je suis été leur rendre visite à la prison, où rien que d’apercevoir la mère Marie ils pleuraient comme des nigauds. Ils veulent bien être condamnés parce qu’ils l’ont mérité, mais moi, à votre place, monsieur le juge, je ne les condamnerais pas, cat c’est pas demain, c’est aujourd’hui qu’ils doivent montrer au monde combien qu’ils sont changés. La prison, elle leur apprendra rien de bon, tandis que s’ils restent près de la vieille Marie, ils ne voudront pas qu’il soit dit qu’ellé leur a pardonné pour rien. Je supplie ces messieurs du tribunal qu’ils soient assez bons pour les remettre en liberté. J’aurai l’œil sur eux. Je réponds d’eux. Je veux bien avoir le cou coupé à leur place s’ils recommencent.

Blêmes, immobiles, mais avec une dignité récupérée qui donnait un charme étrange à leur attitude triste, les enfants criminels, sans affectation de remords, simplement, avec la grande humilité de leur repentir, inclinaient silencieusement la tête, à plusieurs coups. On sentait qu’ils s’engageaient. Et le président vit leur regard pur.

Les journaux, en leur temps, signalèrent spécialement dans ce fait divers l’impression produite par cette plaidoirie inattendue de la victime en