Page:Yver - Cher coeur humain.djvu/45

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vation de cette écriture un peu géométrique, indice d’une main à la fois puissante et lente ; on s’accrochait aux corrections : on déchiffrait impudemment les mots biffés. Fleuriot entr’ouvrit les feuillets du manuscrit interrompu : « Essai sur la Destinée Humaine ». Il disait à mi-voix combien son maître avait, ces dernières années, resserré le cercle de ses curiosités innombrables, autour des problèmes de l’immortalité, devenant surtout platonicien, puisant aussi, après les antiques religions asiatiques étudiées pendant son séjour de huit années au Thibet, dans le Judaïsme et le Catholicisme, comme si, disait Fleuriot, il revenait avec bonheur se coucher dans le lit de son enfance.

Mais ceux qui ne cessaient d’arriver à cette heure et pénétraient, par la brèche de la Mort, dans cette intimité autour de laquelle le public avait tourné quarante ans sans trouver d’issue, semblaient moins allumés d’envie pour les secrets de ce noble esprit que pour les modalités de vie que du fond de son mystère avait voulues l’homme. Plusieurs allaient droit à la plus triviale indiscrétion.

— Il devait être fort riche, hein ?

Ni Mandrier, ni Fleuriot ne connaissaient sa fortune. Mandrier dit :