Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/122

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l’Assemblée demeurait silencieuse, acculée à cette obligation terrible de manifester contre la Reine ou d’étouffer son propre enthousiasme. Il se passa une de ces secondes historiques, où l’on sentit se poser dans la salle muette le grand cas de conscience national.

— Bravo ! cria soudain Saltzen.

Et le feu prit à ces cerveaux trop surchauffés, le tumulte se déchaîna ; l’admiration éclatait pour ce nouveau génie qui se révélait, pour sa jeunesse, son éloquence, sa personne même. On fut ivre, et Béatrix ne compta plus. En descendant les marches de la tribune, Wartz entendit monter l’assourdissante clameur de son nom répété, et il y avait des cris, des phrases entières que noyait le bruit ; toute la Délégation était debout, et la droite royaliste, impuissante à protester, essayait de couvrir les acclamations, par le tapage rythmé des règles sur les pupitres. Jamais le Parlement n’avait offert pareil spectacle ; dans les tribunes, des discussions naissaient ; les femmes penchées au dehors applaudissaient, grisées de cette nouvelle gloire qui se levait ; et l’on vit tomber aux pieds du jeune orateur, en symbole d’hommage dont on ne pouvait juger en un pareil moment s’il était ridicule ou touchant, une rose de soie arra-