Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/124

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que la colère suffoquait pensaient cent fois plus à leur haine intransigeante qu’à l’océan d’amertume qui la submergeait.

Le triomphe de Wartz durait toujours. Si les acclamations faiblissaient, il en éclatait aussitôt d’autres plus impétueuses, et ce torrent venait l’atteindre à sa place, affaissé à son pupitre, le front posé sur son poing crispé. Ses amis l’entouraient maintenant, tous subjugués, comme des courtisans, flattant, moitié par instinct, moitié par entraînement, celui qu’ils écrasaient de leur colère tout à l’heure. Saltzen ne disait rien, mais son visage ruisselait de larmes ; il ne cessait de regarder Samuel, fier de lui comme un père, et tout l’orgueil de l’ovation, c’est lui qui le savourait.

M. de Nathée parlait ; tous ses mots se perdaient dans ce tonnerre. On eût dit un homme essayant de commander à l’orage. Tout à coup, le ministre de l’Intérieur quitta son banc et se dirigea vers la tribune. Béatrix le suivit des yeux, éperdument. Avec Hansegel, ce petit homme noir trapu et bougeant était son conseil ; il pouvait être son salut ; tout ce qui lui restait d’espoir, elle le mit en lui. Mais, au pied des marches, un incident arrêta le ministre, une de ces énigmes parlementaires que la foule ne peut comprendre et que le