Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/143

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entra, et il introduisit une dame en deuil en disant : « Messieurs, la Reine ! » Elle n’alla pas s’asseoir sur le trône ; elle vint à pas glissés sur le parquet de marqueterie qui mirait sa forme sombre, pendant que les sept démocrates demeuraient debout, tête baissée, poignés d’une timidité dont ils ne pouvaient se rendre maîtres.

— Duc, ayez donc la complaisance de mettre un fauteuil auprès de ces messieurs.

Sa voix résonnait sans un écho. Son regard, pendant que Hansegel s’empressait à obéir, scrutait les physionomies nouvelles des ministres, un regard insistant, passant à travers les cils, et qui vous restait dans les yeux longtemps après qu’il s’y était posé. Elle prit place à la tête de la table, en faisant signe aux ministres de reprendre leurs sièges. Hansegel, qui ne s’était jamais assis en présence de Sa Majesté, resta debout derrière elle.

— Monsieur Wartz ? dit-elle.

Samuel vivement leva les yeux, et se vit regardé comme la veille, à la tribune, en parlant. Le visage bistré de femme brune, aux modelés épaissis par une maturité précoce, était aujourd’hui pâli, flétri, fatigué, mais les prunelles, limpides comme deux joyaux sombres, glissaient entre les