Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

atteint la place Sainte-Wilna. Les manifestants se débandèrent et poussèrent des cris de mort contre la Reine. Une clameur diffuse leur répondit. Elle venait de droite et de gauche, des deux parties de la rue du Canal, que coupait la place de l’Église. En même temps une troupe d’artisans, de femmes échevelées, de gamins, accourait prendre part à ces démonstrations en plein air qui étaient de leur goût. Et Madeleine eut l’idée, à n’en plus pouvoir douter, que les royalistes, et tous ceux qui s’étaient amassés autour d’eux, stationnaient actuellement dans le square de l’Hôtel-de Ville dont, par-dessus les toits, on voyait les arbres à grosse ramure noire, à trois cents mètres d’ici. Et ce fut aussi à cette minute précise que le clairon sonna, faisant passer et vibrer dans l’air ce qu’il y avait de sinistre dans les cœurs.

— Vous n’avez pas peur, ma jolie petite dame ? demanda le cocher qui, ne pouvant plus avancer, était descendu de son siège, peu gêné d’ailleurs la personnalité qu’il attribuait à sa voyageuse. Entendez-vous cela ?

— Qu’y a-t-il ? demanda Madeleine, les lèvres blanches.

— Il y a que la moitié de la Garde ne veut plus marcher à l’ordre. C’est à la caserne du régiment