Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/173

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cours d’hier l’ordre qui régnait dans le pays ? N’a-t-il pas provoqué l’agitation populaire ? N’a-t-il pas déchaîné la révolution, enfin ? Maintenant l’incendie se propage, et celui qui l’a allumé n’est plus maître de l’éteindre. L’émeute du régiment de la Garde à la caserne, la bataille dans la rue, les troubles d’Oldsburg, ceux qui doivent à cette heure ravager la province, Hansen, cette ville si remuante, et la contrée des Charbonnages, tout cela est l’œuvre de Samuel ! Eh bien, je vous le demande, un homme a-t-il le droit de créer dans un pays cette folie de destruction et de sang ? Samuel n’a-t-il pas pris là une responsabilité intolérable ?

— Son discours était toute réserve et toute modération, hasarda le vieil ami.

— Un discours de modération ne déchaîne pas, dans une assemblée d’hommes, ce que les paroles de Samuel ont déchaîné hier à la Délégation, monsieur Saltzen, vous le concevez bien. Je le sais, il y avait l’éloquence, ce feu de conviction qui dévore mon pauvre Sam ; mais il y avait autre chose : les idées qui ont de la vie en elles, comme la graine qu’on sème. Il s’est fait dans les esprits, déjà exaltés, une germination violente. Les révoltes dormaient en eux, il les a réveillées. Et il a