Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/224

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voix creuse. Ses paroles n’arrivaient qu’à ses auditeurs tout proches ; mais, pour ne rien entendre, les autres n’en sentaient que plus d’émotion correspondre au fond d’eux-mêmes aux paroles inintelligibles. Et ils s’exaltèrent, rien que de voir la lourde barbe blanche remuer dans ce visage de pontife. Son sujet, c’était Wartz. Il proposait au peuple une manifestation sous les fenêtres du grand homme. Quand il eut achevé sa harangue, une telle clameur d’approbation se propagea tout le long de la rue, qu’à leur tour les femmes descendirent, puis les vieillards, les enfants. Et de toutes les voies adjacentes, arrivaient en courant d’autres artisans, curieux et fiévreux, qui grossissaient les rangs. Bientôt, le vieux harangueur prit la tête de la foule. Dans sa redingote d’emprunt, dont ses épaules de maître charpentier, habituées à d’autres fardeaux, rejetaient les plis en arrière, il se mit à marcher d’un pas raide, comme rythmé à quelque musique intérieure, et, derrière, suivit la boule noire, avec ce silence bruissant des foules.

Sur la place Sainte-Wilna, ils trouvèrent une autre bande prête à se joindre à eux ; car tout ce Mouvement populaire était prévu et mené par