Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/238

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roses ; ils ouvraient des portes, et encore des portes. Ils ne voyaient guère dans les salles inconnues, que ces portes qui dérobaient peut-être celle qu’ils cherchaient. Oh ! l’avoir prisonnière, suppliante devant eux ! la tenir au bras par sa manche noire, s’amuser de sa peur !

— Chasse ! Chasse !…

Dans l’un des salons, ils trouvèrent plusieurs hommes en habits de soirée qui faisaient cercle tranquillement. C’étaient de vieux personnages de cour, des chambellans, des maîtres de cérémonies, tous comtes ou barons, barbes et cheveux gris, pâles visages de cire.

— La Reine ? demanda une voix éraillée.

Le cercle ne bougea pas ; aucun des vieux hommes ne répondit.

— La Reine ? hurla en chœur la foule qui s’amassait par derrière.

Ceux des vieux aristocrates qui tournaient le dos à la porte dédaignèrent de se retourner. Ils faisaient la réception comme chaque soir, jambes croisées, bottines minces battant l’air, négligemment, et se passant sous la moustache le mouchoir roulé qui fleurait le parfum de Sa Majesté. Esprits fins de chez qui les bons mots s’envolaient grain à grain, sans jamais laisser de place aux pensées