Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/244

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bateau glissait maintenant sous une voûte noire, sombre comme la nuit. Et Madeleine qui se voyait toujours penchée vers cette eau ténébreuse, oppressée par le poids de cette nuit, se mit à désirer que Saltzen fût présent et lui expliquât…

Une voix dit : « Monsieur Saltzen ne viendra pas, il est trop mal. »

Plus d’eau, plus d’île, plus de paysage terrifiant, mais la maison de la rue du Faubourg où la pensée de ses nuits la ramenait sans cesse. Son amie Gretel lui faisait une visite, et, avant de partir, en rajustant son chapeau sur la mousse blonde de ses cheveux, la jeune femme disait cela : « Monsieur Saltzen ne viendra pas, il est trop mal. » Samuel se trouvait subitement présent pour demander : « Qu’a-t-il donc ? » Et la jeune femme hochait la tête avec pitié, et souriait en regardant Madeleine : « Oh ! oui, bien mal le pauvre monsieur Saltzen, bien mal ! » Pourtant, Madeleine savait qu’il viendrait quand même, et, juste à ce moment, une voiture roula sur le pavé, avec l’improvisé des accessoires de théâtre : quelques tours de roues pour donner l’illusion du réel. Un pas d’homme fit craquer l’escalier, la porte s’ouvrit, et Wilhelm Saltzen parut. Maigre, pâle, essoufflé, il tomba sur une chaise, dans la chambre même