Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/246

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Elle lui prit la main presque de force et lui dit tendrement :

— Comme vous paraissez fâché contre moi !

Aussitôt, ce ne fut plus la chambre, mais le petit salon d’en bas, où elle le recevait d’ordinaire ; ils étaient seuls, une espèce de soleil blanc entrait par les fenêtres. Il lui dit :

— J’ai le mal de ceux qu’on n’a pas devinés.

Et au moment de répliquer, elle sentit un embarras si lourd, si douloureux, qu’elle s’éveilla, faisant sur l’oreiller une grimace de souffrance.

Elle ne dormit plus ensuite. Le souvenir de ce rêve l’obsédait. Elle croyait y sentir une réalité, peut-être un avertissement. Saltzen devait être malade. Elle compta les jours écoulés depuis qu’il semblait s’être retiré de leur intimité. L’avait-elle blessé secrètement ? Elle revoyait sans cesse l’attitude glaciale qu’il avait eue pour lui parler, dans ce rêve, et, bien que tout cela fût irréel, elle y prenait une sorte de remords. Comme ils s’étaient peu inquiétés de lui, elle et Samuel, pendant sa longue absence ! C’est cela, il était froissé de ce manque d’égards. Et elle s’ingéniait à trouver quelque marque d’amitié à lui envoyer.

Elle restait émue, attendrie. À chaque instant, des larmes lui venaient aux yeux. Elle exami-