Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/28

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vant les hommes, devant les femmes, devant ses collègues de la Délégation dont il réglait les débats, il gardait toujours la même élégance cérémonieuse, et l’on disait que le jour où l’une aurait remplacé l’autre, il adresserait à la République les mêmes politesses qu’il faisait maintenant à la Reine.

— Sacré Nathée ! pensa tout bas le docteur Saltzen, en rejoignant d’autres amis, il a l’âme d’un maître de cérémonies.

Là-bas, la Reine s’était avancée en voyant venir à elle cette petite femme charmante dont la toilette lui plaisait. Madeleine traversait le salon, si pâle, si impressionnée, que c’était une autre femme, une créature nouvelle ; elle paraissait dix-sept ans avec son regard de petite fille effarouchée et sa forme menue qui avait perdu l’allure pimpante des heures de coquetterie.

— Monsieur de Nathée, dit la Reine quand ils s’approchèrent, j’allais justement vous demander le nom de cette jolie Oldsburgeoise.

Elle disait cela au hasard, sachant flatter la jeune femme, fût-elle provinciale, en lui attribuant le cachet de la capitale ; car les rôles étaient maintenant un peu renversés, et la pauvre Reine en était réduite à faire la cour à ses sujets ; ce bal en était la preuve.