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Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/294

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certains l’un de l’autre, sans trouver le courage de se livrer l’un à l’autre.

Oui, elle le comprit, à la fin, Samuel l’avait devinée ; il avait saisi le douloureux apologue, et il n’osait y croire de peur de l’offenser à tort ; sans cela serait-il resté si étrange ? Mais alors, qui la retenait, elle, d’aller se jeter à ses pieds, de lui parler franchement de son remords, en loyale compagne ?

Tout à coup, il se leva, il marcha vers la cheminée où se trouvait le bouton de l’électricité ; il fit la lumière. Puis il vint la prendre, il l’amena sous la lampe, lui fit renverser en arrière son pauvre visage livide.

— Ton amie s’appelle Madeleine ? dit-il.

Elle répondit oui, d’un signe des paupières.

Sans rien ajouter, il alla reprendre le fauteuil d’où il venait, et se mit à pleurer.

Comme elle bénissait à présent la bonne lampe qui les éclairait, qui avait aidé à leur révélation, qui avait terminé son supplice, et qui lui montrait maintenant son mari dans cette douleur enfantine, cette douleur qu’elle ne se lassait pas de contempler ! Qu’il était bon de pleurer ainsi pour elle ! Tous les mouvements de son chagrin muet, les halètements de sa poitrine, le glissement du mou-