Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/321

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valles réguliers, Braun prononçait le « oui » de l’homme attentif qui écoute.

« Sur quoi baserait-il ce duel ? sur quelle offense irréelle ? » se demandait Madeleine. Il devait actuellement tracer à Braun, son témoin tout indiqué, le programme de ses volontés, de ses exigences. Et, à bout d’efforts, brisée de contention, elle finit par surprendre cette seule fin de phrase :

— Je ne l’ai pas touché, mais, s’il se récuse et qu’il faille le pousser à bout, je l’y pousserai, et ai peu que j’aime cette coutume, je tirerai sur lui comme sur un chien ! »

Sa fureur l’avait emporté ; il avait dit ces mots à mi-voix. Ils étaient chargés d’une telle haine, que Madeleine en frémit ; elle crut voir Saltzen déjà frappé, mourant de la main de cet ami qui était un fils pour lui, et de nouveau son pauvre cœur chavira, bouleversé à la pensée d’une telle querelle entre ces deux êtres, si chers tous deux, inégalement.

Et comme elle voulait douter encore, trouver absurde son idée, se dire qu’il n’existait entre Samuel et le vieil ami aucun motif de rencontre, elle entendit la voix de Braun, moins soucieux du secret, prononcer presque haut :