Page:Yver - Comment s en vont les reines.djvu/69

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— Quoi de nouveau, Sam ?

Elle avait reconnu Auburger au passage, tout à l’heure.

— Rien de nouveau, fit le mari sans hésiter devant le mensonge.

Elle s’en fut attiser le feu :

— J’ai grondé Hannah ce matin ; j’en ai du remords ; vraiment cette petite fille nous sert bien, mais est-ce que j’ai mauvais cœur, Samuel ? — cela m’irrite de voir sa tristesse et ses larmes continuelles. Qu’a-t-elle, en somme ? Pourquoi pleurer toujours ?

D’un coup de la pincette, elle fit deux éclats de la búche et tout flamba.

— Elle mène chez nous la vie la plus heureuse qui soit. Ce qu’elle fait ici m’amuserait extrêmement. À dix-sept ans, ce n’est pas naturel d’être si peu gaie. Je n’aime pas les pleurnicheurs ; leur silence a toujours l’air de vous reprocher votre rire. Tu me trouves méchante, dis ? Je sais bien que la pauvre petite avait rêvé autre chose ; mais crois-tu qu’elle eût été plus heureuse d’enseigner l’alphabet aux petits enfants, dans une école perdue, au pays des mines ?

C’était de là que venait Hannah, du pays des mines où l’on avait cultivé son intelligence pour