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Page:Yver - Haudequin de Lyon.djvu/21

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Philippe Haudequin ne se vautrait plus sur les coussins gris. Une émotion bizarre l’avait assis, respectueusement, tout droit près de la portière. Son passé et son avenir, séparés par la parenthèse du service militaire, commençaient de se rejoindre pour le reprendre. Une vieille atmosphère familière de sérieux, d’application, d’esclavage dans le travail lui fit soudain reconnaitre sa haute pression. D’ailleurs les maisons s’élevaient, devenaient des immeubles. On roulait sur un pavé régulier. Philippe voyait, dans les glaces sans tain de magasins élégants, glisser le reflet noir et géométrique de la Rochet. Il arrêta le chauffeur, un ancien magasinier de M. Haudequin.

— Tu peux aller garer. Je préfère arriver à pied à la maison.

Il sauta, étonné de la légèreté de ses souliers neufs. Le cours où il cheminait se jetait dans les quais. La ville se dressa devant lui, sur l’autre rive, nette, sèche, sans brouillard, sous l’aspect de milliers de fenêtres découpées à l’emporte-pièce qui le regardaient. Elles étaient parfaitement semblables en ïeur rectangle tout nu, comme dans les casernes, mais, s’escaladant les unes les autres jusqu’au sommet de l’Acropole, elles produisirent sur Philippe un effet imposant de citadelle.

Il s’accouda un instant au parapet, dominant ainsi les flots affairés d’un fleuve mâle et peu commode, où ont bu les peuples fiers. Glauque