Page:Yver - L Enfant de la balle.djvu/100

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Et, la semaine suivante, Jen commença à travailler en compagnie des deux jeunes filles.

Pourtant, à Saint-Y… était resté le ménage Jean Patrice. Resté, oui, il l’avait bien fallu. M. Jean, qui dirigeait une maison de banque, y était rivé par sa position ; mais l’humeur de sa femme s’en irritait de jour en jour.

— Voilà notre oncle installé là-bas, seul avec l’enfant, répétait-elle ; il va s’occuper d’elle exclusivement, et nous ne compterons plus chez lui.

Et les orages devenaient plus fréquents, et le pauvre M. Jean en subissait les conséquences ; aussi, avait-il pris un parti celui de fuir, autant que possible, le toit conjugal. Il y avait un cercle à Saint-Y…, on y avait les journaux de Paris, on y jouait un peu — un tout petit peu — on faisait aussi de la politique, et il y avait une salle d’escrime.

Tout cela était plus récréatif que d’entendre sa femme se lamenter éternellement, mais cela n’était point fait pour calmer les nerfs de la jeune femme ; seulement, comme son mari n’était pas là pour supporter les bourrasques, tout retombait en reproches consécutifs sur les pauvres domestiques. Mme Patrice ayant mis tous ses gens successivement à la porte, il arriva un moment où — dans la petite ville, ce ne fut pas longue affaire — ils se répétèrent l’un à l’autre « ce qu’on endurait dans cette maison-là », et personne ne voulut plus y venir.