Page:Yver - L Enfant de la balle.djvu/102

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longtemps secouée par le malheur, elle s’était empreinte d’une mélancolie naturelle ; mais à présent, que le bonheur lui arrivait à pleines bouffées comme un souffle chaud de printemps, elle chassait la tristesse et prenait le rire habituel des enfants de son âge.

Maintenant, ses jours s’écoulaient joyeusement. Toujours avec la même ponctualité, elle faisait ses devoirs ; mais après, venait la leçon chez Mme de la Rocherie. Anne, quoique déjà bien épuisée par la maladie qui l’emportait, n’avait pas perdu sa gaieté, qu’entretenaient, du reste, les espiègleries de sa jeune sœur. Cette dernière était devenue l’amie intime de Jen, à qui elle inoculait un peu de son exubérance ardente au jeu, ardente au travail, ardente dans l’amitié que, dès les premiers jours, elle avait voué à la petite Anglaise, elle était la vie et l’âme de la maison.

— Tu dors, Jen, disait-elle souvent ; allons ! petite marmotte, quand te réveilleras-tu ?

— Laisse-la, reprenait Anne ; crois-tu, ma pauvre Lilie, que tout le monde puisse avoir la vivacité ?

— Je la lui donnerai, moi, faisait alors la petite.

Et Jen, pour lui faire plaisir, se lançait avec le plus de chaleur possible dans la récréation qui suivait.

M. Patrice fut très heureux d’apprendre l’événe-