nuit. Le lendemain, elle l’examinait attentivement ; il lui semblait que ses yeux brillaient trop, que ses joues se creusaient, et elle se disait :
— Isaulie a treize ans. C’est à cet âge que la maladie a commencé à se manifester chez sa sœur.
Alors, elle se mit à l’accabler de précautions, de tisanes… Elle lui interdit toute sortie, et il arriva que la petite eut enfin vraiment mauvaise mine. Sa mère consulta un médecin savant, qui lui fit changer de régime. Isaulie avait une santé robuste, mais ce qui la rongeait en secret, c’était le chagrin ; on lui ordonna de l’air, de joyeux exercices, des distractions, et, pour lui donner tout cela, Mme de la Rocherie se mit à sortir beaucoup plus qu’auparavant, organisa de bruyantes parties, et, refoulant au fond de son cœur tout ce qu’elle souffrait, elle se mêlait elle-même quelquefois aux jeux.
Si bien que les commères du quartier se dirent l’une à l’autre :
— Faut pas avoir de cœur, pour se consoler si vite !
Une autre circonstance vint encore mettre un peu d’animation au foyer de la veuve. Mme de la Rocherie avait une sœur, dont le fils venait faire son droit à Paris, et qui avait décidé de l’y suivre. La pauvre femme s’en réjouit, car elle pensait qu’une nouvelle distraction achèverait de rendre à Lilie sa gaieté d’autrefois.