Page:Yver - L Enfant de la balle.djvu/114

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— Je le soignerai si bien !

À ce souci de la jeune fille venait s’en ajouter un autre, non moins douloureux. Souvent lorsque, penchée sur une carte de France, elle étudiait sa géographie, elle suivait des yeux les lignes multiples des départements, elle regardait chaque nom de ville et se disait :

— Peut-être que le père Mousse et Roland sont ici… ou là.

Et puis, les larmes lui montaient aux yeux.

Ils étaient pauvres, vivaient de privations, roulaient péniblement leur vieille voiture, par le froid, la gelée et la neige, pendant qu’elle s’abritait confortablement près d’un grand foyer plein de houille flambante, et tout était luxueux autour d’elle, et elle était heureuse, quand ses pauvres amis étaient misérables et qu’ils souffraient !

Un jour qu’elle traversait un jardin, elle vit un attroupement et pria son père de s’arrêter. Oh ! comme son cœur avait battu ! c’étaient des chiens savants, que montrait un Auvergnat.

— Père, voulez-vous rester ? supplia-t-elle.

La foule qui l’entourait se composait d’hommes du peuple en guenilles, qui furent presque étonnés en voyant l’élégante jeune fille se frayer un passage au milieu d’eux. Mais quand le bonhomme, après un discours d’introduction, commença à faire travailler ses caniches, tout le passé revint brusque-