Page:Yver - L Enfant de la balle.djvu/36

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navrée du pauvre Roland, la course en voiture, les beautés de sa nouvelle demeure, la bienveillance de son protecteur. Puis, fatiguée de cet effort et des émotions de la journée, elle s’enfonça dans le grand lit, où sa petite tête blonde se perdait, et se laissa envahir par l’engourdissement qui prélude au sommeil.

Ce fut à ce moment que M. Patrice entrait rayonnant.

— Bonsoir, ma petite Jen, dit-il.

— Bonsoir, monsieur, fit la fillette.

— Dis-moi, mignonne, demanda le vieillard, comment appelais-tu le père Mousse.

— Je l’appelais « père », comme Roland.

— Eh bien ! il faudrait que tu me dises comme au père Mousse.

— Bonsoir, père, dit l’enfant, si bas, si bas, que M. Patrice dut se pencher pour l’entendre ; et, toute confuse de ces mots, elle se replongea en rougissant dans son grand oreiller. Lui ne voulut pas l’empêcher plus longtemps de dormir, il l’embrassa une dernière fois et s’en fut très ému… Ce soir-là, il était parfaitement heureux.

Chacun a ses goûts spéciaux et particuliers : M. Patrice, lui, avait la passion de la paternité.