Page:Yver - L Enfant de la balle.djvu/43

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récalcitrant. Or donc, selon son habitude, à peine fit-il jour, que l’enfant s’habilla.

Le sentiment qui dominait en elle encore, par-dessus le chagrin de la séparation, c’était de se voir très petite et très humble dans l’hôtel somptueux du riche négociant. Elle avait bien, pour l’encourager, l’air bon et paternel de M. Patrice, mais enfin, elle se croyait recueillie par charité. Ah ! si elle avait pu lire la pensée de son père adoptif, qui lui avait ouvert sa porte comme on l’ouvrirait au bonheur, elle aurait été plus assurée ; car elle aurait senti qu’elle donnait plus qu’elle ne recevait. Mais elle n’avait vu dans son adoption que la pitié qu’on a pour les orphelins ; c’était, du moins, ce qu’elle éprouvait sans pouvoir le définir, et il s’en suivait qu’elle était très reconnaissante, mais, au fond, très gênée. Dès qu’elle fut habillée, elle se mit en grand embarras pour faire sa chambre. Mais il y avait loin du petit coin de la voiture, à elle assigné par le père Mousse, à cette grande chambre verte, qui l’abritait provisoirement ; comment remettre en son état normal cet immense lit, capitonné de lourds matelas ?

Elle se donnait beaucoup de peine, allait et venait, tournait et retournait, montait sur un tabouret, étendait tant bien que mal ses couvertures ; mais lorsque après ce long et fatigant