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Page:Yver - L Enfant de la balle.djvu/54

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servante des Muses, entretenait un commerce habituel avec la divine pléiade. Elle composait poésies sur poésies, et les casiers de son petit secrétaire débordaient de manuscrits non encore écoulés.

La demeure des vieux époux, non moins que les maîtres de céans, avait conservé un parfum de la Restauration ; et, chez eux, on eût dit que, depuis cette époque, le temps avait oublié de passer son aile. On trouvait dans tout le mobilier les lignes droites et sans grâce du style empire, et les figures mythologiques y abondaient. Même, sur la cheminée, on voyait une immense pendule dorée représentant Apollon sur son char !

Ironie du sort ! le vieux professeur était devenu à la mode à Saint-Y… Il était de bon ton de lui envoyer ses filles, et le couvent de Sainte-Marine, et le pensionnat de « jeunes demoiselles » dirigé par Mme veuve Bartou, avaient sensiblement baissé de vogue depuis son arrivée.

M. Patrice suivit le courant qui entraînait ses concitoyens ; et voilà pourquoi, Jen, trois jours après avoir quitté le père Mousse, commença à travailler sous l’égide de M. Lannoy. Tous les matins, elle allait passer chez lui deux heures, pendant lesquelles il corrigeait, expliquait ; et la petite élève, sérieuse, tout attentive, suspendue à la parole de son maître, absorbait, pour ainsi dire,