Aller au contenu

Page:Yver - L Enfant de la balle.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

âme et lisent ses secrets avec une facilité merveilleuse. Jen était de ce nombre, son intelligence pleine de naïveté n’avait pas été calculée.

— Mon nouveau père doit craindre que l’affection que je porte au premier n’étouffe celle que j’éprouve pour lui.

Mais elle pressentait qu’entre le père Mousse et M. Patrice il y avait une sorte de rivalité ; et, pour montrer qu’elle était vraiment bien heureuse de sa nouvelle vie, elle sourit bravement et s’écria avec beaucoup de joyeuseté :

— Ah ! c’est vrai, je n’avais pas pensé à cela.

Mais le soir, lorsque Rosalie vint arranger ses cheveux pour la nuit, elle lui dit crûment :

— Savez-vous, mademoiselle Jen ? Si vous voulez m’en croire, vous n’écrirez pas au père Mousse. Cela ferait de la peine à monsieur, car il a peur que vous vous ennuyiez. Après tout, vous ne reverrez plus le bonhomme, très probablement ; toute votre famille, à présent, c’est celle de M. Patrice…

— Vous avez raison, Rosalie, fit doucement la petite, je n’écrirai pas.

Mais, dès que la vieille bonne fut partie, l’enfant se laissa tomber sur une chaise et se mit à sangloter à faire pitié. Son sacrifice, elle l’avait fait très simplement, spontanément, sans hésitation ; maintenant, tout ce qu’il avait de douloureux pour elle