Page:Yver - L Enfant de la balle.djvu/87

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— Alors, c’est décidé, nous partons. Mais quand ?

— Quand vous voudrez.

— Non, Jen, il me faut ton avis. Si tu étais la maîtresse, que ferais-tu ?

Elle réfléchit un instant. Une vision lui passa devant les yeux. L’époque de la foire de Saint-Y… arrivait, ramenant les baladins ; le père Mousse reviendrait peut-être, elle le reverrait, lui, le vieux bonhomme qu’elle aimait, et son frère Roland…

M. Patrice la devina.

— Ne voudrais-tu pas attendre la foire, pour voir si le père Mousse y viendrait ?

La petite rougit beaucoup, baissa les yeux, et répondit :

— Oh ! je l’aurais bien voulu.

— Écoute, fillette, nous resterons. J’en avais aussi l’intention ; car je compte un peu sur cette foire pour nous ramener tes bons amis. Nous partirons ensuite.

Il tardait à M. Patrice de quitter cette ville, où l’être qu’il aimait maintenant le plus au monde avait reçu tant d’affronts ; y sortir avec Jen était pour lui un supplice, car il craignait que la fillette ne remarquât les regards dédaigneux qu’on lui jetait au passage. Cependant, il recula son voyage jusqu’à la fin de la foire ; il était de toute justice : que le pauvre homme revit l’enfant avec laquelle il