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Page:Yver - La Bergerie.djvu/151

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le costume classique de la pensionnaire ; elle donna à Frédéric l’illusion de la beauté. Elle était, sous les plis amples de l’étoffe, d’une taille fine et assouplie ; son teint délicat avait pris une pâleur sentimentale, et ses yeux pleins d’amour avaient comme fleuri sous ses frisons bruns.

On se mit en route avec gaîté ; il fallut prendre, entre deux champs labourés, un chemin que, de droite à gauche, les sillons resserraient étroitement. M. de Marcy y maintenait sa fiancée doucement par le bras, et le plus souvent marchait dans l’ornière. Il avait dans la marche ce balancement léger propre aux paysans, et ce détail n’enlevait rien à sa distinction. À la queue-leu-leu, par derrière, venaient Camille, puis Frédéric. Frédéric, sans approfondir ce qu’il voyait, jouissait de l’aspect de tout ; le loutre doux et velouté des terres se poudrait au loin de vert pâle avec le blé naissant et rare ; des barrières fauves couraient de-ci de-là, masquant de leurs délicates nervures de ronces sèches, des bêtes couchées, vaches ou poulains. La plaine était si unie et vaste, que dans un infini lointain, sur le ciel incolore et lumineux, on pouvait voir se dresser l’aiguille très petite d’une église de village. Le soleil allait percer les nuages légers.

Devant lui, Frédéric voyait marcher Camille. Si grande, elle portait encore les robes